Le "Druide"
et les diverses formes de néo-celtisme...
Tout semble avoir été déjà écrit sur le Celtisme et les Druides adjacents; pour la bonne raison que les documents historiques sont non seulement rares, mais parvenus sous des formes trop souvent interprétées par le Christianisme envahisseur!
Leurs enseignements, le «très grand nombre de vers» (César) que les Druides donnaient à apprendre par cœur, nous demeurent inconnus, suite à leur juste refus de transmission écrite. Tout ceci est fort bien expliqué un peu partout par les spécialistes du sujet (H. Hubert, 1923, Fr. Leroux et J. Guyonvarc'h, 1961 à 1986, P. Genty, 1984: entre autres); documents à l’appui! Et cependant, régulièrement, combien vont en imaginer, à partir de ces reliquats de notre patrimoine, de nouvelles utilisations…
DU NEO-CELTISME ...
Historiquement, nous pouvons dire, parcourant aujourd'hui nos archives et découvrant des dizaines de bulletins de groupes du XXème siècle, que la haute période du Néo-celtisme actuel se fit vers 1984, jusque dans les années 90... Un revival étonnant, succédant dignement aux admirateurs enthousiastes, au XVIe et au XVIII, des imageries de Celtes et de Druides (lire, entre autre, Danièle Vazeilles (CIER), Joseph RIO, Bulletin 2008–2009).
De nos expériences en France, "sur le terrain", pendant toutes ces années et depuis la parution, en 1990, de notre Manuscrit des Paroles du Druide, nous avons "vécu" en contact avec la plupart des multiples groupes ou représentants du Néo-celtisme, l'aide pratique nous ayant été donnée par Michel Raoult (et son livre-répertoire aussi!) et Shan (the Pagan Index, 1990, près de 1000 entrées!)) ; et par toutes les personnes rencontrées lors des Colloques celtiques (Paimpont, dès 95), des Rencontres anglaises, du rassemblement anti-barrage de Brocéliande (Rennes 1993) et des Fêtes celtiques "réelles" des villages bourguignons, pour la Saint-Jean surtout.
Que de clairières, de gorsedd et de nemeton à cette époque, en France; ouverts aux rencontres autour des dolmens du pays!
Les Festivités des feux de la Saint-Jean de Brancion (Bourgogne), en 1986, nous semblent avoir été les plus œcuméniques; tant de mouvements, tous les groupes "célèbres" s'étant rassemblés pour trois journées extraordinaires et totalement "païennes"! Partages tant intellectuels que "physiques"! Scènes réelles telles qu'on ne les voit plus, aujourd'hui, qu'en images new-age sur le Net!
Elle marqua sans nul doute l'apogée de cette vague dite parfois de «Néo-druidisme».
Après cette date, en effet, les groupes se sont dispersés... Ce qui correspond d'ailleurs au début des "chasses aux Sorcières" lancées en France contre les "nouvelles spiritualités". Nous avons noté également que nombre de ces groupements se sont portés vers la politique, ce qui les faisait dénoncer souvent (à tort ou à raison) comme d'extrême droite.
Des résurgences parfois, cependant, de petits clans... clandestins et beaucoup de groupes virtuels sur le Net.
Mais presque tous les «anciens» semblent avoir disparu aujourd'hui, après quelques résistances parfois houleuses. De plus, les responsables étaient déjà fort âgés à cette époque et les "jeunes" se sont tournés vers des manifestations plus "légères", festives plus qu'intellectuelles ou très engagées socialement, voire "new age" ou en mouvances de Wicca, en particulier. Mais juste auparavant...
... LES SORCIERES :
... étaient apparues... dans des rassemblements et dans la presse «parallèle», voire enfantine; apparues «publiquement».
Cela existait déjà, certes! Celles que nous avions rencontrées dans l'Ile de Man (il ya fort longtemps!) ne cherchaient pas à être connues, elles! Ni pour distraction, ni pour un renouveau «païen». Elles ne "jouaient" pas un rôle non plus; elles essayaient réellement de maintenir et de transmettre les connaissances des «sages–femmes» de leur île; celles de Salem, réhabilitées en 1957, devaient sans doute se conduire de même? Je pense que c'était également le cas des groupes bretons (déjà en 1938) qui "entretenaient" ainsi leur patrimoine local...
Les «Sorcières» d'Australie que j'ai pu côtoyer, vers 1970 (et le «fameux» Sorcier de Sydney aussi, the Black Prince), endossaient un rôle, influencé le Magazine Man Myth and Magic sur les multiples groupes de sorcellerie anglais... et d'après mes constats, pour lutter contre des problèmes psychologiques, leur extrême timidité et de leur manque de culture; surtout face, en particulier, à la même époque au si célèbre Wizard, (= Sorcier) de l'Université de Melbourne (hyper-intellectuel et très «païen et dans ses discours comme dans son existence!)... Leur but, surtout se distraire: grande mode des «séances» de spiritisme ou de cérémonies païennes (d'où mes photos pour un journal, appareil caché).
Je laisserai à chacun de conclure sur ce sujet précis en lisant le livre excellent de Inez Baranay, Pagan (1990) sur la célèbre Sorcière de Sydney (1956 à 79): Rosalind Norton (une autre sorcière m'a donné cette photo d'un de ses tableaux). Auto-thérapie? Rien d'anagogique selon nous... mais un bel exemple de lutte contre les habitudes peu «naturelles» de la société d'alors pour le retour au Paganisme originel!
N'en demeure pas moins que ce furent chaque fois des tentatives individuelles et très localisées, en France comme surtout dans certains pays de culture anglo-saxone, pour retourner à leur culture première, à leurs véritables racines civilisatrices, à la source pré-chrétienne des fêtes, aux «valeurs» tant païennes que «celtiques», sur lesquelles (tentatives, valeurs et celtiques) nous reviendrons.
LES SORCIÈRES ET LES GROUPES DE WICCA :
Ce qui nous semble encore nécessaire de noter, c'est que le dit «Néo-druidisme», même s'il tente encore de promouvoir, spasmodiquement, en France, «la reprise de contact avec les souches ancestrales (non) seulement de la civilisation occidentale mais (du) monde entier» (Atlantis, 1973), et ces jours-ci tout particulièrement (Comarlia), sa résurrection "officielle"... ce dit «Néo-druidisme» est depuis plusieurs années supplanté par d'autres mouvements... connus surtout, très rapidement, par la publicité, les stages (vers 1995 à Londres, France vers 2004), les articles et documentaires de «spécialistes» (années 2006) et surtout de ses détracteurs.
Même les fêtes «traditionnelles» de la Saint-Jean des villages ne sont plus (sauf si j'ai manqué les autres!) que des kermesses avec merguez et musique techno! Même au Club Méditerranée (Cadaques) où j'avais lancé cette «mode» des Feux le 21 Juin 1998, les festivités étaient plus authentiquement conviviales et «spirituelles»!
Les dites «Sorcières» avaient formé de petits groupes de Witchcraft, surtout en Angleterre et Irlande; sans cependant que cela fut trop perçu en France, sinon par quelques-uns. Quelques groupuscules de Wicca avaient pris leur relais, et donc celui du néo-Celtisme; vers 1992, D. Lucifera et Jack Coutela s'en disaient, à Paris, les vrais représentants, et d'après ce que nous avons vu en les rencontrant, étaient à la fois très «païens» et se voulaient représenter l'éternelle connaissance indo-européenne.
On notera tout de suite un point particulier: les pays de religion protestante (USA, Australie, Angleterre surtout) rassemblent dans ces groupes un grand nombre de femmes. Deux noms sont célèbres dans ces "milieux": G.B. Gardner (1970) et Starhawk (1979), bien que nous ayons trouvé beaucoup plus "sérieux" le "travail" de Shan, dans sa House of the Goddess (Londres)...
Maints groupes prirent modèle sur les consignes de ces ouvrages et en refirent des versions personnelles "pratiques" vers 1972 (dans les librairies anglaises, que de titres ensuite, après les années 95)! Et que de covens et de cérémonies privées!
Cependant, même si Michelet avait réhabilité cette fonction en 1861, les... Néo- sorcières (!) n'apparurent, en France, pour représenter cette mouvance Néo-celtique, que dans les années 97. Elles disaient vouloir revaloriser "leurs dieux, après 1500 ans de blasphèmes chrétiens" (Munninn, 1998). La publicité faite à Halloween en France en 1997 et les "guerres", les "anathèmes" (écrivent Libération, le Figaro, International Herald Tribune par exemple) qui s'ensuivirent, conduisirent cette Filière non seulement à la connaissance du plus grand nombre, mais surtout des enfants et, par là, à la "mode" des Fées, Lutins et des Anges (1994 aux USA, France vers 1999), des "jeux de rôle"; ceci se mêlant au Néo-médiévalisme et transformant d'ailleurs l'aspect extérieur de ses fêtes; d'où le succès de la série Charmed (2000), la redécouverte des romans de Tolkien et la popularité, ensuite, de Harry Potter! On ricanait:«Les Sorcières en folie» ( Marie France 1998) «attaquent» (Tecknickhart, Fev. 2003)!...
COMPARAISONS :
Avec les images des «Druides»...
Il y avait beaucoup de «personnages» à la tête de ces divers groupements; mais on était loin du Druide tel que les historiens du passé ou les textes irlandais ont pu le décrire! Le druide «polytechnicien», cette caractéristique de base étant bien affirmée, documents à l'appui, on pouvait le rencontrer encore dans les années 80; certes, sous une forme relative: dirigeants et participants, dans ces groupes néo-celtiques, avaient des compétences réelles, connaissance des plantes et des champignons, des arts tant martiaux que manuels, de l'historique du celtisme, de la langue et de ses résurgences dans le français, via le gaulois, de l'organisation des liens inter-tribaux, des parallèles avec les "philosophies" indo-européennes, des hauts lieux, des sources guérisseuses; certains pratiquaient le magnétisme guérisseur, étaient rebouteux, barraient le feu, chantaient, jouaient de la harpe, étaient conteurs... voire conseiller d'un Maire!
Mais le Druide historique correspondait-il véritablement à cette image? Certes, il est Dru-wid: le très savant, mais un autre terme sert à le désigner, d'après le même auteur (Diogène Laërce qui émit celui-ci), est Semnothée, «vénérable dieu»; et Diodore de Sicile déclare seulement qu'il «parlait la même langue que les Dieux», qu'il était en lien direct avec les Druides primordiaux «et pouvait faire le lien entre eux et les hommes» (Courtise d'Emer); à l'aide d' «énigmes»...
Les Wicca :
Tout cela ne semble plus guère être le centre d'intérêt des Wiccas... et les ouvrages qui évoquent tout de même certains de ces thèmes manquent totalement de rigueur: que de fêtes, de dieux totalement imaginaires ou, par exemple, issus de romans; même l'origine du mot Wicca prouve la "modernité" de ces mouvances!
Les conseils "pratiques" sont très new-age, le vocabulaire des invocations ne tournant qu'en rond autour des mots amour, joie, protection, paix, soleil, lune, déesse mère... et pour protection (bénir), sorts «jetés», confection de talismans et magie opérationnelle souvent «à l'eau de rose». Rien d' édifiant, d'anaGogique (avec un G) !
Mais, en effet, leur but est tout autre que le revival du Celtisme et de la Sagesse des Druides! On pourrait le dire réellement «païen», dans le sens originel de folk-lore, aidant à établir un lien entre les êtres d'une même micro-société (= pagus) : convivialité festive, entraide, valorisation d'une «vie simple», nourritures saines et «saines» distractions en général...
Les Néo-païens...
Les célébrations des Solstices païens le prouvent, en shows à l'américaine: «devant des publics de 3000 personnes » (USA !), où le sentiment religieux est tel que «l'on sent qu'elles pourraient soudain se lever, se prendre par la main et chanter Nous sommes le Monde». Enfin, c'est ce qu'écrivait l'International Herald Tribune du 21/12/93)!...
Ceux qui veulent se libérer par le Néo-paganisme offrent, parfois, surtout des formes du «n'importe quoi». Lors de rassemblements dépassant les groupes locaux, et ce surtout aux USA et en Angleterre, les "problèmes" psychologiques des animateurs, la mise en scène souvent "délirante", cérémonieuse, avec grandiloquence forcée, ne donnent guère d'espoir d'un renouveau culturel! Sans parler du fait que la nudité soit vantée en images et tracts publicitaires (skyclad !), mais qu'il y ait, sur place, interdiction de se promener nu; c'est tout dire! Le rassemblement Pagan Spiritual, en 99, aux USA en fut un parfait exemple caricatural! Un texte avait paru sur la Nudité chez les Celtes dans une revue bretonne vers 1995: une caractéristique que l'on conçoit facilement! Faut-il ajouter que ce fut justement l'abandon de cette «coutume» naturelle qui marqua la fin des festivités parfois quotidienne des tambours, à Ibiza (2006) par répression «officielle» et marqua le tournant entre existence «naturelle» (païenn ?), avec, de plus, le retour aux May-poles folkloriques des anglais b.c.b.g. sur place, et... le tourisme de masse.
Ceux qui ont participé à de telles rencontres ne pourront que noter, de plus, le caractère "sentimental", mièvre (new-age maintenant), de ces manifestations... ou la simple aide au défoulement.
Quelques détails sur ce dernier point par deux exemples édifiants: les participants en blue-jeans autour de "prêtresses" mal dans leur peau (surtout à Londres et souvent aux USA.), ou avec de «petites robes noires pour cocktail», les cris hystériques incontrôlés et incontrôlables pendant deux heures de la Cérémonie d'un groupe «celte», en Australie, d'une cinquantaine de femmes nues ( et quatre hommes!), autour d'un Chaudron, après avoir invoqué un "dieu" qui n'a jamais existé, sinon dans l'imagination d'un écrivain anglais moderne !
Oui! Plus de virtualité et de «projets», comme souvent dans le new-age, que de réalité «sur terrain»: voyez les «cérémonies» païennes sur Internet: des images idylliques... mais d'extrêmement rares (4 ?) documents réels (Australie, Croatie ?)... Mais que de blablabla pour y expliquer leurs idéaux!
Le Néo-celtisme...
Dans le Néo-celtisme des années 80, il en fut parfois de même: des festivités, des rituels frisant parfois le ridicule (gêne avouée des «druides» à cause de leurs robes, efforts pour allumer un feu avec de... l'essence, "répétitions" demandées par certains (archi)-"druides", mots soi-disant celtiques, élucubrations historiques sur les Prêtres d'Atlantis ou les Druidesses de Bretagne!... Sans oublier la "célèbre" liste des Arbres (inventée par Gracet d'Orcet au XIXe siècle), reprise par des magazines féminins (Marie Claire, par
exemple, en 2006 ou 7);) et surtout les "fameuses" Triades dont rares sont les auteurs à évoquer la date de création (XVIII-XIX ème siècle). Un "à peu près" intellectuel qui empêchait de prendre au sérieux plusieurs de ces discours...
Nous nous souvenons de leurs obsessions de «purification» (chrétienne !) sans lien avec la Lustration celtique! Sans parler de l'intérêt de la franc-maçonnerie (rite forestier) et de la politique (extrême droite, marxisme de J. Markale; voir Atlantis 273 et la Femme Celte)... qui fait s'écrier encore ( dans la presse) que ces pratiques néo-celtiques sont assimilées par leurs détracteurs à des baptiseurs de crapauds, blasphémateurs, faisant des orgies, à une secte, adoratrice du Diable (Documents: la Wicca règle ses comptes, 1981), à «une escroquerie» (Figaro 20/2/87); «catalogués fachos, sectes ou satanistes» (Tecknikart, Fév. 2006); avec quolibets: «l'ambiance panoramix» (Nice Matin op. cité), et conseils: «Prudents car s'ils n'ont pas une colonne vertébrale chrétienne suffisamment solide, ils risquent de se faire happer» (La Croix, 8/12/2008)
Oui! Toutes ces pratiques n'ont «pas bonne réputation» et, pour cela, elles se font donc «discrètes» (VSD 12/7/2001)) !
Mais soyons justes: à la même époque, des études relativement (ou extrêmement) pointues paraissent dans des magazines spécialisés (en exemple : Kalki (87), Solaria (96); Documents pédagogiques de Paris 84, Colloque de l'Originel en 1996.
Nous ajouterons que, surtout dans certains cas précis (ex: J. Bourlanges, Hamish Miller, S. Hennemann), les recherches sur les «lignes de forces», la géo-biologie tentaient de prouver l'énigmatique intuition des païens (construisant aux «justes» lieux de «pouvoir», comme l'indiquait notre Bréviaire du Chevalier de 1983). Deux ouvrages de Vincenot et la série télévisée le Pape des Escargots (1979) exposaient parfaitement cette relation méta-physique!
Hélas, cependant, forte dichotomie: les responsables et leurs groupes adjacents se maintenaient très souvent dans l'intellectualisme, s'auto-congratulaient, écrivaient beaucoup, et ne sortaient guère ni dans une «clairière» à eux, ni pour rejoindre celles d'autres groupes, qui, eux étaient certes plus déficients sur le plan doctrinal, mais très conviviaux, «ouverts au public», "gaulois" ... et même vraiment "païens"!
UN BESOIN NATUREL DE PAGANISME :
Autonomie...
«Chassez le naturel, il revient au galop»: ce diction se vérifie parfaitement; tous ces mouvements ou tentatives expriment avant tout le désir de s'extraire du carcan des diktats des «religions du livre», castrateurs du besoin d'être ce que l'on est.
Plaire à un Dieu ambigu (et aux diktats des hommes qui l'ont inventé), être humble, ne correspond pas au Paganisme dont le dieu est Pan (le Tout !)! On se souviendra de tous les mouvements avides d'individualisme: Wandervogels, Anarchistes français du XIXe siècle; ceux de Monte Verita (1900) et des néo-ruraux de 70...
La réaction est double: refus de l'intellectualisme... et recours à une philosophie «basique», indo-européenne grâce à la mode du Bouddhisme et faute de textes celtiques originaux. Elle est bien résumée par la phrase de la Bhagavad Gita: «Mieux vaut ta propre loi d'action, même imparfaite, que celle d'autrui, même bien appliquée».
Ajoutons, dans le pays anglo-saxons, voire à Nice et à Paris maintenant, la "mode" des mariages néo-celtique (ou néo-pagano-médiévaux!), fortement à la manière "new age" (Nice matin 23/5.94), pour en finir avec les coutumes imposées par les usurpateurs de «l'ancienne religion»!
On le voit, le "but" de ces formes diverses de Néo-celtisme réel (autre qu'universitaire, dirons-nous!) n'est pas dans l'historique... et cela se comprend, vu l'absence de textes, d'un corpus druidique, pour le maintient de cette Filière de la Connaissance.
Convivialité...
Adjacent à ce besoin de simplicité mentale, le besoin de convivialité «païenne» est dominant; en lien évident avec le «Néo-ruralisme» des années 70, un peu partout en Europe. Voyez l'atmosphère joyeuse des rares documents sur Youtube!
Toutes ces manifestations du Néo-celtisme répondent surtout, comme tout groupement, au besoin de rassemblement autour d'une idéologie "constructive" pour soi...
Réaction, nous l'avons noté, contre la «société actuelle»; mais pas «anticléricaux»: seulement «combattant la plupart des idées émises et inspirées par les religions traditionnelles (qui) castrent les individus» (Appel au Solstice de 1981).
Les promoteurs de ces nouvelles formes de religiosité (dites païenne, celtique, etc.) prônent le «ressenti» et le channeling adjacent. Ce qui, nous le verrons, est bien plus en rapport avec l'attitude du Druide historique que des religions doctrinales qui l'ont chassé de nos pays.
Nature...
En ce qui concerne la "mode" du Néo-chamanisme, ne peut-on pas noter que ce fut le passage de l'urbain au rural? On s'en aperçoit en observant, tout d'abord, historiquement, la fermeture il y a quelques années, de plusieurs groupes de Néo-celtisme de Londres, par exemple, que les pratiquants accusaient de
ne faire qu'une autre forme de messe chrétienne, et la recrudescence, aux USA, de festivals "païens" et de groupes de "femmes sauvages" qui "sortirent du bois" (leur "urbain » à elle!) pour se resocialiser et même amplement exposer leur idéologie, leurs revendications de «femmes de pouvoir» (un magazine vers 97).
Mais, en s'exposant ainsi, les groupes de Wicca, de femmes, et autres Sorcières-femmes-sauvages, (j'ajouterai les Néo-païens hippies devenus commerçants!)... revendiquèrent alors plus leurs projets, leurs productions, via textes "publicitaires", magazines (Owl, Pagan Circle, Wise Woman, Wheel, etc.), annonces sur le Net et ouvrages auto-valorisants, que l'action réelle dans leur société! L'eco-feminism marchandisé! Celles que nous avions rencontrées pour notre ouvrage sur le sujet (Le Clan des Femmes sauvages) en Californie, en Espagne, en France, en Australie, entre 1990 et 1994, vivaient encore à l'écart de «Babylone»!
En France et en Belgique, ce furent, plus tardivement, "les Groupes des Forêts", comme titrait Tecknickart en 2006; loin des villes, en Europe ou en exil au Costa Rica et ailleurs (VSD 7/93).
Besoin de convivialité, de nature comme on peut le voire également en évoquant, en parallèle à tous ces ateliers et rencontres festives néo-celtiques de cette époque, les rassemblements rainbows.
Il nous semble nécessaire de les adjoindre car, jusqu'en 2005, ils maintenaient les critères du Paganisme, que ce soit, aux USA et au Québec, à partir des "enseignements" ou coutumes «rituelliques» des amérindiens, soit, en Europe, avec des pratiques plus "païennes" ordinaires (construire une cabane, chanter, danser, se baigner ou se promener nu, embrasser "tout le monde"; les paroles de certains de leurs chants sont des documents sociologiques extraordinaires pour l'étude de ces "valeurs" néo-celtiques!
Le «Néo-paganisme» nous semble également à la base des Confests australiennes: retour à l'état «primitif», aux jeux d'enfants dans la boue, à la simplicité de la vie dans la nature, à la saine sensualité, ceci en contact avec «l'Esprit» unifiant tout le monde; comme au Burning Man américain, les thèmes en ayant d'ailleurs été très païens: Green Man (2007), Rites of Passage (2011), Fertility (2012)... voire Beyond Belief en 2003!
En France, beaucoup de stages eurent lieu dans la nature, en petits groupes, puis quelques tentatives, dans le Nord-Est surtout et en Belgique, en forêt ou dans des lieux privés à la campagne; toujours "ouverts". Que de flyers vers 1999-2000!
Mais cela ne semble pas avoir eu longtemps d'existence. Certes, l'influence (tardive) des écrits de Castaneda (70's aux USA) est fortement à l'origine de ces mouvements en France (surtout lors de la tentative de son revival faite à Barcelone vers 1995, les stages ne connaissent plus de frontières), mais il me semble qu'il s'agit seulement d'un phénomène "naturel" de retour à la ... Nature! Ils «s'ouvrent sur l'extérieur» écrit VSD (7/93).
Animaux totémiques, Lieu de Pouvoir, loges de sudation, Vision, cristaux: les dépliants publicitaires de nos Archives le prouvent abondamment... et les films surfent sur la vague, de 70 à 90: Little big Man, Danse avec les Loups, Guerre du Feu, L'Homme qui murmurait, le fantastique travail sur terrain, de Karom Thomasson, réunissant les communautés agraires du monde entier autour de sa Femme de Blé.
En parallèle plus «lourd»: la mode des statuettes d'animaux (Licornes en 1992, en France, puis Chouettes, Grenouilles, Cochons, etc.).
Religiosité...
Besoin de religiosité comme pivot; quelques tentatives d'accès à "l'au-delà" (dixit le Néo-chamanisme), au "Pouvoir" (Castaneda), au Druide en soi (chantent les Derniers Trouvères néo-médiévaux). La Filière néo-chamanique semble maintenant faire passer de l'extériorisation, du convivial, de la nature à la Nature intérieure. Pour atteindre «d'autres plans de conscience» (P. Martin, 1998); voir par l'intermédiaire du
Naturisme pour tous (1964?), du Polyamory à la Robert Rimmer, dès 1966; Bob, Carole, Ted et Alice, 69; en France, essai infructueux par Jules et Jim de Truffaut, 62) et, «profané», donnant la mode du «porno», stoppée en 75, l'Echangisme... Réajusté par les racines ontologiques païennes des avant-gardistes spiritualistes et du new-age en «mélangisme» (20OO), la commercialisation s'en fit mondialement en «Néo-tantrisme» (vers 1990) ou en «spiritual sensual shamanism» australien (2011)!
Plus proche du (néo) Paganisme, alors, à ce que les Druides historiques semblaient enseigner?...
C'est la facette du Néo-chamanisme qui intéresse la presse ordinaire avide, en France surtout, de boucs émissaires religieux, le "mettant en question" (Le Monde 28/3.2001, par exemple); et la Télévision française (évidemment !) nous en montrant des exemples "effrayants"! Et, plus sérieusement, le Congrès national des Amérindiens «déclarant la guerre» à ces «usurpateurs» , ces «non-indiens profiteurs commerciaux et auto-proclamés shaman new-age» (Intern. Herald Tr. 28/12/1993).
Le "repli" se fit de nouveau alors en petits groupes, entrant en clandestinité; les expériences «spirituelles» changèrent de support, sans doute pour se protéger des «voyeurs» ou pour affirmer plus encore leur refus des normes officielles; ainsi, depuis quelques années (cela semble avoir commencé à Ibiza vers 2000, où l'ayawaska était toléré), plusieurs font usage de ce psychotrope.
Le retrait de la place publique se fait également par les exodes temporaires:
Qui n'a entendu parler des stages de (néo ?)-chamanisme au Pérou (2004) et au Mexique. Même si les nombreux consommateurs de "champignons magiques" ne cherchent souvent, comme dit ou constaté «un peu partout» que le "kick" et non, comme disait Huxley, l'ouverture des «Portes de la Perception», la «vision périphérique», le Saut dans l'Inconnu (Castaneda), l'impact de telles substances "oblige" à l'introversion réelle, à ce que le Druide historique, et toutes les traditions indo-européennes et les «ésotérismes des autres» valorisent en premier chef. Mais certains «spécialistes» ne mettent-ils pas également en doute la véracité des ouvrages de Castaneda, exposant, de plus, les jeux ridicules des disciples bobos de ses passes magiques ?
DRUIDISME :
J'ai beaucoup apprécié de voir le mot DRUIDISME mis entre guillemets par Françoise le Roux et J. Guyonvarc'h dans leur "Civilisation celtique"! En effet, les textes tant de la Wicca que des spécialistes du sujet montrent bien que l'on ne saurait parler réellement d'une philosophie transmise par ces Responsables (selon R. Guénon) de l'autorité spirituelle dans la société celte; ni d'une «religion». Simplement d'une «transmission»: «courtiser la science», puis «diffusion de la connaissance» (Dialogue des 2 Sages). Le terme «druidisme» ne me semble pas apparaître avant les textes irlandais christianises du 1er siècle (Courtise d'Emer); et pour cause!
Les témoignages «de terrain» et d'époque (Anthologie XVI-XVI e siècle, Alb. Michel, 2002) sur les Shamans exposent bien cela, de même que les nombreux «dévots de la Wicca , les gens conscients de l'écologie» et tous ceux qui «font attention à la nature reconnaissent la Terre, (...) leur connexion avec elle» (Intern. Herald Tribune 21/12/93).
Leur but n'est pas de maintenir une idéologie particulière, mais de se reconnecter à «l'âme celtique», « e génie celtique» dont parlait Edouard Schuré en... 1891 !
Ce que, si l'on en croit les textes des observateurs d'alors sur ses fonctions, semble avoir été l'état du Druide: un Prophète! Le responsable par excellence de la société dite «païenne» (par ses détracteurs!).
QU'EST LE PAGANISME ?
Nous avons répertorié dans un article (revue l'Originel) les diverses composantes de ce terme, à partir des citations tant de l'Encyclopédistes de 1765 que des détracteurs qui forgèrent ce terme pour stigmatiser «une population pas encore évangélisée»: polythéisme, approche intuitive («sans fondement», dit Pascal), liberté sans règle.
La première remarque, comme nous l'avons étudié et écrit ailleurs, est une aberration intellectuelle pour définir une différence (voir les diverses divinités-idoles chrétiennes des églises et l'impossibilité mentale de concevoir le Un-sans-second!).
La « iberté sans règle» en est une autre, le simple bon sens opérant, malgré soi, dans la quotidienneté de chacun, en élaborant des « ègles de conduite»! Même les Satanistes voulant «l'autonomie, la liberté absolue» (Figaro Mag. 18/3/2006), ne sauraient les vivre dans une société. Elles conditionnent, au contraire, ces règles, le bon fonctionnement de «la vie collective», perturbée, elle, par le christianisme justicier et clanique, disaient, en ce temps-charnière, Galien, Marc-Aurèle, Aelius Aristide, Celse); simplement, ces néo-celtiques, ces «païens sans loi» (Lulle XIIIe s.) ne se soumettaient pas aux rapporteurs des Livres («sacrés»!) qui revendiquent seuls «la connaissance de Dieu» (idem).
La Vérité en soi...
Le Néo-celte (le Païen) veut «chercher rationnellement la vérité, dépasser les opinions humaines et leur substituer en toutes choses le règne de la raison» (Abélard, Dialogue, 1142). Le Néo-satanisme, le mouvement punk, etc. en font partie...
C'est pour cela que toutes les filières actuelles de ces nouvelles et multiples tentatives d'existence celtisée, après tant d'autres, historiquement, sont totalement diverses quant à leurs manifestations, leurs techniques et leurs «philosophies»; le «ressenti» de chacun ne s'expose jamais, en général, à des contradictions (logiques, historiques ou méta-logiques!) ; ce qui lui semble bon de faire et de dire est leur dogme anti-dogme, allant parfois jusqu'à la croyance et la déclaration aberrantes: "Pas de Vérité unique et Universelle"; sauf celle-ci, la leur, évidemment!
Tous ont un point commun directement «positif», cependant: la recherche d'une certaine transcendance; d'un «spiritual nourrishment» (Intern. Herald Trib. 28/12/1993) pour «combler le vide spirituel» (VSD 12/7/2001), pour répondre, disait déjà R. Lulle au XIII e siècle à leur peur de la mort.
Les Techniques?
Chacun la trouvera en soi, cette transcendance, dans l'ouverture au «pouvoir personnel» conduisant au Pouvoir (dixit Castaneda); donc à cette Immortalité que les Druides étaient censés avoir évoqué par la Ré-incarnation... Grâce à la méditation, la transe, le constat ou les «visions» des sens altérés (drogues), le «dépassement de l'égo» ( !), l'autonomie.
C'est bien là l'élément le plus important qui caractérise ces mouvements et qui, déjà noté souvent, a «inspiré» les «techniques» de toutes les mouvances que nous avons évoquées: «observation, intuition» (J. d'Ares 1973), «approche intuitive opposée à intellectuelle» (l'Originel), «être transparent, extralucide» (M. Cornudet, Figaro op.cit.), «réveiller en nous l'étincelle divine» (Wicca C.I.L.), «God within» (passim), «se débarrasser de toutes les valeurs et comportements qui sont étrangers à ceux qu'on trouve dans la nature (..); être soi-même et vrai»(F. Willigens ; L'Essentiel, Nov. 2003).
On comprend ainsi le refus de l'anonymat chez les Celtes. Leur Totem est le Sanglier (dit: solitaire!). On comprend également la nécessité d'être «dans le peu de respect des hommes nouveaux», dans la «recherche de gloire» (Dialogue 2 Sages); Orgueil au sens originel du terme (pas Vanité)...
Possible ego-trip limitatif !...
C'est le point de critique par excellence de tous les chrétiens et pseudo-laïcs au sujet de tous ces new-agers, de tous ces nouveaux «païens» qui osent même proclamer «voyager dans sa tête, une notion celtique» (J. Markale, France Inter. Zinzin 98); le fait que le Moi-je sert de référence suprême, que le Principe (dieu) est «immanent» (en soi), ce qui conduit facilement aux haines et aux conflits avec autrui et leurs propres ego-trips, à la schizophrénie et aux quêtes de «pouvoirs» plutôt que du Pouvoir; et ensuite, aux vengeances dénoncées déjà, à ce sujet, par Saint Patrick, pour son évangélisation chrétienne! Puis au recours à la spiritualité... ou, effet plus rapide, aux drogues hallucinogènes. Ou à la surconsommation d'alcool (en illustration: allez le 21 Juin, à Stonehenge!).
LE « VRAI » NEO-PAGANISME, ALORS ?
Par définition logique, ce serait la réactualisation de ces manifestations de contact avec la Nature en soi (individualisme) et autour de soi (contact avec ses éléments, honorés): Eco-existence, comme titre un Site internet, en expliquant chaque terme. Eternelle nostalgie de l' Age d'Or...
Le Néo-ruralisme des années 70 nous en semble, en ces débuts, un parfait exemple... qui se transforma, pour certains, en un retour naturel, incarné et non souhaité, rêvé, mais obligatoire, à ce type d'existence. C'est là...
Le Paganisme actuel...
Il est visible en différents lieux de France, d'Europe et d'autres pays (surtout chauds!) depuis les années 70: «l'exode urbain» (Biocontact Fév. 99), la vie «naturelle», le « imple living» (Biba, Mai 96); «les nouveaux sauvages» (VSD 1/7/93), les nouveaux hobboes des Etats Unis...
«Pauvres mais libres» nous disent, par exemple, les «païens» actuels de St-Girons, sur les marchés locaux où ils vendent leurs productions. Notons que certaines «idées new-age» les habitent, non plus par la mode des années 90, mais par retour à leur véracité (cycles, devas, lignes de force pour les cultures, respect «écologique» de la terre, etc.); le retour aux bases normales de l'existence rurale ancestrale, donc «naturelle»! Le «credo» (du Néo-tribalisme) «seule la nature ne ment pas» (VSD 7/93)!
Voire à l'extrême, à l'Homme sauvage de tant de traditions (cf. T. Mandon); nous en avons connu deux cas (désastreux) actuels et le Naturien anarchiste Fortuné Henry en fut un exemple célèbre en 1898!
Convivialité certaine dans ces communautés psychiques de facto... même si seulement apparente et forcée souvent, vu les problèmes économiques de ce mode de vie!
Plus néo-ruraux, mais devenus ruraux... Celtiques? Oui, si l'on écoute leur message de base; un des 3 éléments de la «doctrine» celtique historique, les «Fais ce que tu veux, tant que tu ne fais de mal à personne»! Do what you want as long as you don't harm anyone, «Fais ce que tu veux qui n'empêche pas un autre de faire ce qu'il veut» des Wicca, New agers, Néo-chamans ou communes anglaises des 60's. ; et le «Fais ce que veux» des Anarchistes d'Aiglemont (XIXe s.) ou, déjà, de Rabelais: «Fais ce que voudras»...
Et même la transmigration des «ames impérissables» transmise (dit Strabon) par les Druides de jadis, ces païens actuels semblent tous en avoir la certitude (ou la croyance via le new age?)!
Ces constats? Pour nous poser de même la question sur le rapport entre l'origine et le néo du Druidisme. Tout d'abord:
QUE FUT LE DRUIDE ?
Capable de transmettre toutes les connaissances civilisatrices au cours des pérégrinations du Celtisme d'Est en Ouest au fil des siècles, il se devait donc d'en être tout d'abord le Connaissant, le «très savant» (dru-wid), «la base du savoir» (in: Tain Bo Cualnge), qui a «la vraie connaissance» (= fireolaig; pas celle du Souverain: cf. Guyonvarc'h). D'où son titre de Polytechnicien.
Ses capacités, le célèbre texte de la Bataille de Mag Tured les répertorie; nous synthétiserons en disant qu'il incarne, comme le Dieu-druide Dagda, le lien entre les Dieux et les hommes, c'est-à-dire entre la source des connaissances scientifiques (médecine, théologie, astronomie, guerre, etc.), historiques (conteur, métempsychose) et cultuelles (traditions, fêtes, justice, divination, musique, incantation, etc.).
Sa supériorité intellectuelle et spirituelle lui donne l'autorité qui agit ainsi sur tout, mais, nous semble en lisant attentivement les textes de César, de Cicéron et d'autres de même époque, qu'il se trouve au-delà de la classe sacerdotale, comme dans cette caste «hors castes», hamsa de l'Hindouisme; «sur cette terre mais pas de cette terre» (reprendra le Christianisme); comme le Shaman en toute société «traditionnelle»: conseiller, enseignant, mais par son exemple (mimétisme).
Nous répétons: «Parlant la même langue que les Dieux» (Diodore de Sicile); un «semnothée, un vénérable dieu», le nomme Diogène Laërce! Capable d'agir sur tout; et même sur les éléments (vent); mais obligé à rien, pas même à assister aux cérémonies!
Pas une doctrine qui serait du Druidisme!
Faut-il noter que Don Juan (in Castaneda, Hist. Pouvoir) insiste sur le fait qu'il n'est pas un Maître, mais un Guerrier?
Le Chamane, la Sorcière historiques font ce qu'il font (guérisseurs puis magiciens); pas de transmission autrement que celles, encore actuelles, de la passation du «pouvoir» de «barrer le feu», etc. dans certaines campagnes.
Comme on le demandait à Empédocle ou aux Shamans traditionnels, son rôle était, sans nul doute, de montrer «le sentier» vers le juste, de prédire «l'avenir» et de donner «des paroles pour guérir».
Comprenons alors qu'il ne s'agit surtout pas d'une somme énorme de connaissances, puisqu'elles vont devoir, de plus, s'ajuster aux pays traversés (langues, techniques, etc.) et aux situations nouvelles; pas d'une religion! Mircea Eliade parle justement d'a-historicité.
C'est bien pour cela que ce que l'on peut comprendre aujourd'hui de ce Rôle se traduit dans les groupes divers par le rappel de «l'universalité» de leurs pratiques et le besoin de relier toutes les civilisations; non point comme l'évangélisation chrétienne, par des mots d'ordre, mais par le retour aux techniques et règles de base (je préférerai: aux évidences!), à «l'Esprit , pouvant servir d' accès humain au «Sage», au «Libéré», à «l'Homme universel» des traditions... au Druide en soi!
Relisons Castaneda: le «Pouvoir» ne s'atteint que par «"non-attachement", fin de l'apitoiement sur soi-même ».
Nous retrouvons le Celtisme irlandais: «éloignement de l'impudence, dépouillement de la paroles» (Disc. 2 Sages), le déconditionnent à la Krisnamurti, la virginité de Maître Eckart, le neti-neti du Vedantisme, le Non-autre de N.de Cuse, la Nuit des sens de St Jean de la Croix, la voie apophatique de l'ésotérisme chrétien... Le message du Bouddha, du Soufisme... voire du Punk (no future) et de l'Athée, si ce terme est conçu en vérité (a- théos: sans dieu, même pas son «moi-je-sais»!).
Certains en ont conscience aujourd'hui, dans le Néo-chamanisme: «Un état d'être qui ne peut se lier par des structures ou de dogmes, car la connaissance universelle passe par la connaissance de soi» (Pluriel Nature N°81).
Une expression au sujet du druide Cathlon (Irlande) est explicite; il est celui «qui monte au ciel» (Cf. tout le shamanisme réel ou les tendances du néo-chamanisme via les transes et les hallucinogènes qui s'y retrouve!).... Et cela, joint au «ressentir», au channeling évoqués déjà, nous expose entièrement l'origine de leurs connaissances; «vingt ans» (dixit César) pour apprendre à atteindre «l'Incréé» (Néo-chamanisme), «l'intuition intellectuelle, supra-rationnelle directe et immédiate» (Guénon), en faisant le «saut dans l'inconnu» (Castaneda). Pour cela l'apprenti druide a «l'inclinaison de la mort où il y a abondance de grands honneur» (Dial. 2 Sages): le «mourir avant de mourir» de tant de traditions! Même dans Job 28/12: «la Sagesse, tu la trouveras à partir du néant»!
POSSIBILITÉ DU DRUIDE encore maintenant ?
Tout comme certaines existences humaines peuvent être qualifiées en tous siècles, de pleinement «païennes», l'état de Druide est une hypothèse plausible également. Non par tentative de «jouer» au Druide, le Néo-druide étant, comme nous l'avons vu, par définition, impossible à concevoir mentalement, puisque d'origine méta-physique; sinon par la voie négative...
Le Connaissant ne l'est pas par accumulation de connaissances, et c'est bien en cela que les Druides avaient certainement refusé la transmission de celles-ci, toujours relatives et encombrantes pour l'ouverture au «ici et maintenant»... Il ne s'efforce nullement de paraître «parfait», d'être un exemple d'harmonie avec l'univers et ses habitants! Il est tout cela, sans «mise en scène», sans effort pour être en harmonie ou modèle; naturellement, puisque hors de notions (de maintes religions !) du bien et du mal (voir l'exemple, dans le Bouddhisme et le Soufismedes «Fous divins», la «folie contrôlée» de Castaneda, la «folie divine» de la Bible (1 Corinth.1). Dans le «juste» puisqu'ayant «acquis la sagesse divine» comme Empédocle s'en targue lui-même (500 av. J.C.), cette «sagesse», première émanation des Dieux sur terre (Dial. 2 sages), qui ne peut que toujours faire ce qui est pour le mieux, hors dualité (le «problème» du «bon» dieu et du «dieu vengeur» d'un certain exotérisme chrétien n'existe pas pour eux !). Pas la Sagesse humaine (des «sages», «du monde» qui sera dite, par la suite, «folie» pour «Dieu» (dans la Bible)... Pas ses propres notions , mais les «préceptes véridiques de notre Muse» (Empédocle)...
Par contre, et toutes les philosophies dites «ésotériques» (dans le sens réel de non exo-tériques) le déclarent, comme celles des courants indo-européens qui paraissent les équivalents de ce que l'on nomme le Celtisme, l'état de l'homme parfait, universel, «but» de tous les êtres humains, est son état naturel, dans le sens de naturé par la «Nature naturante»; écoutons Empédocle déclarer: «Je viens à vous tel un immortel et non tel un mortel»
«Druidisme éternel» titre justement une ancienne revue (Atlantis 3/73)... même si le concept lui-même de druidisme sous-entend, comme ajouté, «le retour à...».
Oui ! La possibilité existe alors du «retour au druide en soi», c'est-à-dire à l'authentique Etreté qui est en chacun et depuis laquelle il peut exister après avoir atteint ce que Diogéne Laërce nous dit être la Morale que les Druides diffusaient (traduction grecque revue!): «Honorer les dieux, ne rien faire de «kakos», mauvais, 1/en parlant des qualités matérielles ou de l'intelligence... qui n'a pas les qualités propres à telle ou telle chose), malhabile (Eschyle), par faiblesse d'esprit (Sophocle) 2/au sens moral: méchant, scélérat (Sophocle) et funeste. Notons que le français a conservé ce terme dans «cacophonie»!
Enfin: «s'exercer à acquérir andreia, vir, fortitudo, la fortitude: l'énergie morale devant le danger et dans la souffrance» (dit le Dictionnaire !); ou: façonner son courage, sa force, sa virilité.
Empédocle (500 avJ.C), lien comme lui avec le Pythagorisme, conseille de même: «jeûner de la méchanceté»...
Aura-t-on compris qu'il ne saurait alors y avoir de Néo-druidisme, ni même de Druidisme actuel, les «enseignements» du Connaissant (pouvant se dire lui-même «druide», certes, mais intérieurement, non extérieurement, car ce mot est une image fortement chargée d'histoire et de fantasmes et sans rapport avec sa signification originelle.
Soyons rigoureux! Le Bouddha (=l'Eveillé) historique ne fit pas de bouddhisme (ce terme actuel, sauf pour le zen, désigne d'ailleurs le seul Lamaisme); pas plus qu'un Chamane ne fait du chamanisme ou un Moine du moinisme !
La mise en boîte de paroles en fait religions ou philosophies; or tous les termes utilisés, même dans certains textes irlandais des premiers siècles, prouvent qu'il ne s'agit pas d'Enseignements de la part des Druides, mais d'une trans-mission, de leur manifestation «naturelle» depuis un «état» méta-physique, le contact avec les «dieux».
Certes, si l'on utilise, en dehors de celle, première, de doctrine, l'acception qualité ou comportement pour le –isme du concept Druidisme (comme dans professionnalisme ou narcissisme), on pourra reconnaître la possibilité d'un Druidisme actuel; uniquement parce que éternel, possible manifestation de celui qui s'est relié au Principe supra-humain, le «Pouvoir» et qui établit un lien avec l'humanité en Prophète, Visionnaire, Messager, Thaumaturge...
Comment obtenir autrement les capacités énoncées plus haut du Polytechnicien et savoir distinguer le vrai du faux (le bien et le mal n'étant des concepts celtiques, notent Guyonvarc'h et d'autres); sinon après avoir atteint l'Unité, source des capacités de Cathbad, le «dieu du druidisme (...) plus connaissant que tout druide» (Courtise d'Emer, 1050). Cela exprime bien le fait que ce dernier est à leur écoute et qu'ainsi «connaissant la volonté des dieux» (Pomponius Mela), il la transmet aux hommes. On conçoit que les Druides ne souhaitaient pas «voir divulguer leur doctrine» (J. César), car sans doctrine en vérité, mais en lien constant entre «Source» et Manifestations humaines changeantes; tout comme Don Juan déclare ne pas vouloir «être une proie pour les idées qu'il propage»(Castaneda, Histoire de Pouvoir).
Mais ne devons-nous pas indiquer également, et surtout, que le «ressentir», même via le channeling, en transe ou non, est tributaire de l'imagination fantasmatique (opposée, même dans la scolastique chrétienne ou dans le Hassidim, à l'imagination vraie), donc d'aberrations «individuelles» non universelles? Notre livre sur l'Inspiration en expose les détails.
C'est bien cela qui empêche les Manifestations, techniques et messages de maints groupes néo-celtiques d'être «crédibles; répétons-le: non seulement face aux paramètres quotidiens ou ethniques, mais en fonction de la logique et de la méta-logique.» «La vérité» n'est elle pas «absence de dualité» (Karuna Platon, Verseur d'Eau)? Donc seule compatible avec l'universel, donc lien entre les groupes humains par leur unité ontologique seulement.
Un beau résumé et un bel Appel-Rappel dans la chanson anglaise des Derniers Trouvères (avec citations de Gray *1 et de Shakespeare *2), pour ceux que l'idée du Retour au Druide en soi pourrait faire vibrer...
While one is here "among the madding crowd", (1*)
The Druid inside is only linked with their souls...
He keeps the thread that links these pearls so proud
And knows of the way to free them from their roles...
Le Druide ne s'occupe pas des affaires du peuple mais, dans le fil qui réunit toutes les âmes, sa présence sert à les en libérer...
If you wish to let be the Druid deep within you,
Just let Him be far from your brains and your thoughts...
See all you know "as stuff dreams are made on" too
And "your life all rounded with a sleep" and caught. (2*)
Loin des pensées, conscient du monde du rêve qui vous entoure, c'est là que vit le Druide en vous...
Emmanuel-Yves MONIN
Article d' Emmanuel-Yves Monin
paru dans "Planète Gaia" N° 11, Septembre 2012.
À voir aussi :
Article
des Druides?
Article inédit d'Emmanuel-Yves Monin,1987.
Article
Au sujet du "Celtisme"
Article d'Emmanuel-Yves Monin,
paru dans la revue "Arkologie" N°7, octobre 1991.
Article
Livre
Le Manuscrit
des Paroles du Druide
Sans Nom et Sans Visage
Un ouvrage de base complet, pour approcher la Doctrine des anciens Druides.
Website
La Mère Universelle
Depuis l'origine des temps et dans tout l'univers, les humains ont toujours honoréla Mère Universelle,
figure allégorique féminine, omniprésente dans toutes les civilisations sous de multiples noms et d'innombrables formes. Depuis l'époque des Vénus paléolithiques, des Déesses-Mères de l'Antiquité jusqu'aux représentations laïques modernes, au centre de toutes les religions, ces figures mettent en avant toujours les mêmes attributs, révélateurs des fonctions qu'elles occupent.....
http://lamereuniverselle.fr/