LA FÊTE:
QUELLE AIDE MAGIQUE!
Panem et circences… Le «Du pain et les jeux du cirque» de la Rome ancienne…
Nous la retrouvons aujourd’hui, cette offre! Certes, son but était de calmer un peuple;
mais cette technique dans les temps de revendications et de «colère»,
ne se vérifie-telle pas dans son ambiguïté, seulement comme un pis-aller
contre les débordements de violence pour la pax populi la Paix
ou la Trêve du Seigneur le Peace and Love?
Oui! les « jeux du cirque »...
... sont variés et omniprésents aujourd'hui pour qui veut bien observer la réalité quotidienne: publicité incessante pour toute nouveauté, des événements politiques aux dernières créations «artistiques», en passant par les buzzes et les scandales!
On distrait la société pour la calmer par de telles focalisations... mais on la détourne en fait des réalités «réelles», tant sociales que, surtout, et avant tout, psychologiques!
Le Moyen âge faisait grande consommation de Fêtes pour cela: religieuses certes, mais aussi par foires, confréries, carnavals, événements familiaux... Dans ces cas, le but était non seulement pour l'unification d'un peuple dans la distraction mais également et surtout dans et par une idéologie capable de rassembler mentalement et psychologiquement: dans le culte des Saints ou de la Nature, pour l'élévation par des symboles universels édifiants: vertus, glorification des forces de vie et joie de les glorifier; au-delà des idéologies parcellaires, limitées, limitatives et toujours sujets d'opposition et de controverses!
Bel exemple d’Aide magique, ainsi, la Fête! Elle vous extirpe de votre «envoûtement» métro-boulot-fourneaux-dodo… Elle vous «enchante», diront ceux qui sont conditionnés au vocabulaire routinier ou à la mode, comme tant de pseudo-psys, et oublient que ce terme signifie que l’Homo sapiens est déjà «enchanté» par et depuis la civilisation obligatoire: fait Robot, Homo socialis-economicus: zombie!
Oui! La Fête libère de cet enchantement; elle crée un lieu hors normes, un milieu «différent», avec liberté d’humeur et de comportement! Pour l’homo ludens: plus obligé de faire où on lui dit de faire ce qu’on lui dit de faire (voire même de se révolter!).
Certes, c’est que croit faire l’être normal, chaque jour dans sa routine quotidienne, avec ses pauses-pipi, ses pauses-café ou cigarettes, ses pauses-déjeuner, ses convivialités spasmodiques entre collègues ou amis!
Mais dans la vraie Fête, on n’est plus mentalement pris par ces habitudes de changements perpétuels, ces rituels libérateurs de chaque jour, souvent peu conscients, trop momentanés et évanescents… Grâce à elle, on peut rire, dire «n’importe quoi», décrisper ses muscles, se disputer, respirer plus profondément sans besoin de cigarettes ou autres drogues … Etre un peu plus «soi-même», le Vivant vibrant dans le Robot!
Et on le sait!
On va faire la Fête! Voyez le numéro de Planète Gaïa sur les Changements. La Fête est une Aide par excellence pour cette transformation; on va «se changer les idées», «ça va nous changer du travail!». «Je me change et je vais à la Fête!»… Et l’effet est spectaculaire: magique!
Oui! La Fête est le facteur de changement par excellence; le véritable moyen de libération!
La Dodécalogie note de manière bien exhaustive: changement des habitudes quotidiennes (=ennui), relationnelles (=monotonie des liens, à maintenir ou créer), pour se vider la tête de ses manières de penser (=ronron obsédant)! Loin des techniques de retour au profond de soi toujours mentales: méditation, ascèse, introspection, recherches intérieures diverses.
La Fête va pouvoir nous sortir de notre «normalité» en nous attirant, puis nous captivant, grâce à l’objectif commun, l’idéal des participants, quel qu’il soit: ainsi d’une Fête de famille autour d’une table, autour de diffé-rents mets, ou pour honorer les ancêtres (sans peut-être le percevoir), ou la future lignée (mariage, baptême); ainsi des Fêtes de village auxquelles «tout le monde» participe (costumes, acteurs, mise en scène, décors).
Et ce Pivot, ce catalyseur qui réunit, quand il n’est pas une Idée d’ensemble, est un «objet» concret, icônique: pour célébrer le Printemps, c’est le Poteau de Mai (May pole anglais) qui, de plus, relie les participants à l’aide de rubans à entrecroiser.
Et le Chêne et son gui, pour les néo-celtisants. Pour un Carnaval, ce seront les chars et les confettis; pendant la Messe (oui! c’est une fête en vérité) ce sera le prêtre qui reliera ses paroissiens par, en plus de l’idéologie de sa célébration, son prêche, les hosties, les chants en choeur… Et la Fête de la Musique où l’on s’attroupe autour des musiciens, les ondes rattachant tout le monde! Celle du 14 juillet: tous fixés sur les défilés, les feux d’artifice, rassemblés dans le bal…!
Observons ces Pivots fédérateurs d’un oeil unifiant le multiple dans son essentielle réalité… Nous voyons alors que ce Pivot, cet Arbre, ce Totem, cet Objet à valeur symbolique désindividualise les participants attirés.
Ainsi ne se valorise que l’Unité, le rassemblement au-delà des idiosyncrasies, des goûts et petites histoires personnels; et ce pour… une idéologie précise donnée; on notera, via la Langue des Oiseaux, qu’il s’agit là d’une «idée» dans notre «logis», une cristallisation directe de nos énergies, sans différentiations individuelles multiples: même si limitée à une facette du Tout!
On s’élève ainsi, par cet Axe, vers quelque chose qui nous dépasse, qui fait fi, dans une certaine mesure, de nos personnalités. Tout comme on le dit d’une de ses Aides: «La musique adoucit les moeurs»: elle pacifie et va nous mettre dans une certaine relative «transcendance», voire une extase, une transe… Du moins dans un état d’être qui n’a cure des problèmes quotidiens!
La Fête est, comme l’un de ses symboles, un Feu d’artifices!
Un Feu, déjà et surtout: on le réalise facilement devant les rassemblements festifs de scouts ou de soirées hivernales, dans la mode des Barbecues, comme dans les Familles enfin réunies devant l’ écran illuminé de la télévision…
Elément on ne peut plus symbolique et fédérateur; le Facteur par excellence d’un Pivot qui «touche tout le monde»… parmi les participants.
Feu-acteur entend justement la Langue des Oiseaux qui nous expose ainsi que la Fête n’est qu’un «artifice» pour nous connecter à notre «Feu intérieur», le Vivant de nous-même, la Force de Vie en notre existence; nous réanimant ainsi… Par tous les fils de ses facettes manifestées possibles. Feux «d’artifice», certes… mais tellement appréciés: «Ah! La belle bleue! Ah! Celle qui tourbillonne… Ah! Ce dieu que l’on prie… La chanson que l’orchestre joue, elle nous réchauffe le coeur; et les bons plats que l’on va déguster, ça donne déjà chaud au ventre…»; comme autour du «feu de camp si chaud si bon» de la chanson… Et même, lors de la cérémonie mortuaire: «Ah! feu-le grand-père… feu-un-tel, le disparu!»
Réanimation de ce que l’on est vraiment… comme le terme le dit, pour qui sait écouter: Fête… Feu êtes!
Le but idéologique qui nous fait aimer les Fêtes, c’est bien ce Feu, depuis la nostalgie que chacun peut avoir du Feu Originel, du processus alchimique du Feu dans l’Athanor; toute Fête n’est donc que Fête du Feu sous différents aspects! On y «fait feu de tout bois»!
Toutes focalisent la possibilité de changement instantané: Aides utilisées alors pour obtenir un mieux-être, un retour aux essentiels, au Moi profond: pour une «résurrection», se relier à son Principe. Guérisseuses des introvertis, des fatigués de l’existence, elles furent ritualisées pour cela, conduisant à tous les «excès» pour libérer les prisonniers des «il faut» et «tu dois»! Pensez aux Lupercales, aux Messes noires, etc. Elles permettent de voir nos systèmes compensatoires, nos habitudes, nos comportements; de nous secondariser et de «nous recréer» (=s’amuser et faire du nouveau!)
Quelle Aide pour le but réel de toute «re-ligion»: l’accès au «spirituel», à l’ «Esprit».
Toujours Passage d’une certaine morosité au dynamisme où l’on devient «tout feu, tout flamme», où l’on s’enflamme, où l’on rayonne! Aveuglé, certes, souvent, par l’enthousiasme qui fait perdre, justement (c’est son but), le contact avec «le reste», son moi superficiel; on n’y «voit que du feu», alors, dans son entourage (celui du feu).
Fête pour le Changement de nos obsessions et Changements de nos «addictions» pour accepter la Fête…
Pour tous: pour les «tempéraments de feu», les êtres proches de leurs pulsions vitales directes et qui «s’enflamment» facilement… Mais pour l’Anarchiste lui-même qui rejette les fêtes, qui repousse «la musique qui marche au pas»… («…cela ne me regarde pas» de Brassens), tout comme le Timide ou l’Atrabilaire! En se repliant loin d’elles, ils vont honorer leur moi profond qui refuse les Artifices, qui sent devoir atteindre son Soleil intérieur, son Feu originel, ce «feu qui couve sous la cendre» de chacun. C’est le Feu intérieur (tum-mo) à faire monter dans le sushumna pour la chaleur psychique corporelle ou pour l’illumination du mental (boddhi-cita); ce Feu que l’Alchimiste «sépare de la Terre» pour «la Force forte de toutes forces» (Table d’Emeraude)… Langues de Feu de «l’Esprit saint» dans la Bible… Nourriture de la Simorgh de l’Avesta et du soufisme…
Quelle multitude de manifestations extérieures ou de représentations symboliques de ce Feu comme Rappels pour les êtres qui ne peuvent pas en sentir en eux directement, naturellement, la Réalité!
Toute Fête nous LE réanime!
Rappels acceptés (consciemment ou non), puisque nous savons, de manière innée, que sans Lui, nous n’existerions pas!
Et même le chant scout si populaire de la Légende du Feu (J. Savin) le rappelle: «Mes enfants on ne fait rien sur Terre qu'en se consumant»… Magique! La Magie n’est-elle pas, en effet, cet «art de produire des effets merveilleux» grâce aux puissances naturelles? Le grand (magus) I (l’axe de l’humain) décrypte la Langue des Oiseaux: le Feu que vous êtes dans la «F-êtes»!
Emmanuel-Yves MONIN
Article d`Emmanuel-Yves Monin
paru dans "Planète Gaia" N° 17, Juillet 2014.
A voir aussi :
Livre
L'Univers en Code-Barres
Dodécalogie et transdisciplinarité. La Grande Architecture de Tout.